Le massif des Bauges est essentiellement composé de roches sédimentaires(1) formées sous les mers entre 180 et 66 millions d’années. Ces roches, plissées lors de l’érection des Alpes il y a 20 millions d’années, ont été longuement façonnées par de puissants glaciers qui s’étendaient jusqu’aux portes de Lyon il y a 24 000 ans.

Les premiers hommes connus sur le territoire n’arrivent ainsi qu’à la fin du Paléolithique (2), vers 13 500 av. J.-C., après le retrait des glaciers.

(1) Roches formées par le dépôt de particules fines issues de l’érosion.
(2) Premier âge de la pierre caractérisé par le développement de l’outil en pierre et par une économie de prédation.

Une géomorphologie humaine

La géographie tourmentée mais néanmoins accessible du massif et sa position originale ceinturée par un réseau de grandes voies de communication confèrent à ce massif karstique une grande richesse patrimoniale.

Les premiers habitats

Les grottes et abris sous-roche offrent aux hommes de la préhistoire des habitats recherchés. Ils servent de camps de base à des chasseurs cueilleurs pêcheurs comme à la grotte de Bange à Allèves, occupée à partir de 13 500 av. J.-C., et sont parfois décorés de peintures rupestres comme l’abri du mont Peney à Saint-Jean-d’Arvey.

Les lacustres

Bien que peuplés dès le Néolithique (3), les rivages du lac d’Annecy sont particulièrement appréciés des artisans de l’âge du Bronze (4) qui construisent sur les plages de nombreux villages sur pilotis (appelés « sites palafittiques »). Aujourd’hui submergés, les vestiges de ces villages sont remarquablement conservés. Ils constituent une source exceptionnelle de connaissance des premières sociétés alpines et à ce titre, trois de ces villages sont parmi les 111 sites palafittiques de l’arc alpin classés au patrimoine mondial de l’UNESCO.

 (3) Dernier âge de la pierre (entre –6 000 et –2 000) caractérisé par le développement de techniques artisanales (céramiques notamment) et le début d’une économie productive (élevage et agriculture).
(4) Période durant laquelle s’est diffusée la métallurgie du bronze (entre -2 000 et – 800)

Gaulois et Romains

Durant la protohistoire (5), les larges vallées qui entourent le massif offrent des bassins favorables aux implantations des grandes civilisations européennes. Les sépultures sous tumulus (6) du village de Gruffy ont ainsi révélé une intense occupation sous les civilisations de Hallstatt et de La Tène durant l’âge du Fer tandis que le bourg gallo-romain de Casuaria (Viuz-Faverges) situé sur la route Milan-Genève témoigne de la profonde romanité des vallées savoyardes aux premiers siècles de notre ère.

(5) Période de transition entre la préhistoire et l’antiquité correspondant grosso-modo dans les Alpes à l’âge du Fer (entre –800 et –50).
(6) Grand amas artificiel de pierres élevé sur les sépultures.

Des racines médiévales

Dès le moyen-âge, le maillage des villages du massif est achevé. Les terrasses glaciaires, les cônes de déjections ou les combes sont privilégiés pour implanter les villages à l’abri des inondations et au-dessus de brumes verglaçantes.

Des roches fortes

Les verrous glaciaires (Le Châtelard, Duingt, Montmélian…) et replats d’altitude (Miolans, Faverges, Marthod…) forment des sites défensifs naturels sur lesquels s’élèvent des forteresses du moyen-âge (XIe-XVe siècles) tels les châteaux de Miolans, Chignin, Le Châtelard, Duingt, Faverges…, de l’époque moderne (XVIe-XVIIIe siècle) telle que la citadelle de Montmélian ou de l’époque contemporaine (XIXe-XXe siècle) comme le fort de Tamié, la batterie de Marthod ou le fort du Villard à Mercury.

Des terres de spiritualité

A l’inverse, les vallées encaissées et sauvages comme la combe de Lourdens (Aillon-le-Jeune), ou les vallons de Tamié (Plancherine), Saint-Ruph (Seythenex) et Bellevaux (Ecole) sont dès le moyen-âge le domaine des moines qui y établissent abbayes et prieurés.

Des vallées laborieuses

Enfin, l’important réseau hydrographique du massif des Bauges permet l’implantation de nombreux moulins, martinets et battoirs qui firent la richesse du territoire aux XVIIIe et XIXe siècles à l’image de la taillanderie Busillet à Marthod où de la forge des Allues à Saint-Pierre-d’Albigny. La ville de Faverges doit ainsi son exceptionnel développement industriel dès la fin du moyen-âge à une résurgence captée et canalisée à travers tout le bourg.

Des ressources et des savoir-faire

Du calcaire bâti à chaux

Le calcaire, roche principale du massif des Bauges est logiquement le matériau principal de construction. Utilisé comme moellon, comme pierre de taille ou réduit en chaux, le calcaire est employé dans presque tous les édifices du territoire qu’il s’agisse d’églises, de châteaux ou de simples maisons paysannes. On réserve toutefois les calcaires les plus remarquables comme la pierre de Curienne ou la pierre veinée de Doussard aux ouvrages les plus remarquables (autels, piédestaux, encadrements…), tandis que les calcaires lités de la montagne d’Arclusaz servent à extraire des dalles dont on fera des bassins ou des murs de pierres sur champ.

Mortine et pisé sur les marges

Toutefois, à l’image de la géologie tourmentée du massif, le patrimoine n’est pas monolithe et l’on observe sur les versants est de la Dent de Cons des constructions en schiste noir (appelé ici mortine), tandis qu’à l’ouest du massif sur les collines de l’Albanais où les affleurements rocheux sont plus rares, les maisons sont construites en pisé.

Des pierres à feu

La molasse, parfois utilisée pour la construction des maisons là où elle abonde, est généralement réservée aux fours et cheminées du fait de ses propriétés réfractaires. Elle est toutefois rare dans le cœur du massif où on lui préfère le travertin (appelé ici tuf) que l’on extrait localement.

Des toits de paille, de terre ou de pierre

Les toitures étaient traditionnellement en chaume et parfois en tavaillon (tuile de bois) dans certains alpages. Mais les maisons nobles et bourgeoises sont fréquemment couvertes en ardoises apportées des vallées voisines de Tarentaise et de Maurienne, sauf sur les bords du lac d’Annecy où l’on privilégie la tuile écaille produite à Saint-Jorioz à partir de l’argile des marais.

Les courbes du bois

Bien qu’abondant, le bois reste peu utilisé dans la construction en dehors des bardages fermant les granges et fenils. On notera toutefois les fameux tavalans de La Compôte utilisant les arbres courbés par la neige pour créer des suspentes sous les débords de toit, les granges de la vallée d’Entrevernes aux parois constituées de branches d’aulnes tressées (clayonnage) ou encore la vaisselle en érable tournée appelée Argenterie de Bauges qui fit la fortune du hameau de La Magne à Saint-François-de-Sales.

Autrefois, le fer et le charbon

Enfin, si les mines de fer de La Sambuy, d’Arith ou de Saint-Jorioz et ses alentours ont joué un rôle secondaire dans l’industrie métallurgique du massif, la mine de lignite d’Entrevernes eut un impact économique significatif sur toute la partie nord du massif.

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